Pluie de culpabilité

Shirobudô arriva, Chisame dans les bras, tous deux encore trempés. Il cogna comme un bourrin à la porte.
*Non...Faites qu'elle ne meurt pas...Par pitié...*
En attendant que l'infirmière ne lui dise d'entrer, il reprenait son souffle, bien qu'avec difficulté à cause des larmes qu'il continuait de verser, s'en voulant d'avoir fait ça.

L'infirmière, entendant quelqu'un toquer à la porte, se dépêcha d'aller ouvrir. Elle sursauta en me voyant ensanglantée.
Infirmière : Oh la la ! Que s'est-il passé ?!
Elle ne laissa même pas Shirobudô prendre le soin de lui répondre et me prit dans ses bras pour m'amener sur un des lits de l'infirmerie. Elle commença à me transmettre plusieurs soins tout en attendant la réponse de Shirobudô.

Shirobudô put parler, malgré le flot qui jaillissait de ses yeux, et lui révéla :
Shirobudô : Tout...Tout est de ma faute...Nous étions sur la plage...Enfin du moisn, j'y étais puis après elle m'avait rejointe...On a parlé...Puis il y a eu un corbeau géant...J'ai essayé de faire fuir le corbeau pour qu'il la laisse tranquille...Et dans ses mouvements désordonnés, il l'a percutée...et...et...
A cet instant, il cria ces dernières paroles :
Shirobudô : ET elle est tombée sur son rocher et doit sûrement s'être cassée la colonne vertébrale ! Je ne suis qu'une enflure ! Pourquoi ce n'est pas moi que le corbeau a avalé ! Même si j'ai nagé jusqu'à Chisame pour l'emmener ici en vitesse, elle risque de mourir ! Je suis un MEURTRIER !
Il ne savait pas quoi faire...Oser rester avec Chisame pour la soutenir, après qu'i l'eut sauvée ? Ou s'enfuir, pour ne plus souiller les yeux de cette pauvre kasasagimimi* (鵲耳) ?


[terme que j'ai formé pour désigner les personnes déguisées en pie ou croisées avec une pie]

L'infirmière s'approcha un bref moment vers lui et posa sa main sur son épaule. Très vite, elle revint vers moi pour me remettre des soins, tout en disant à Shirobudô :
Infirmière : Je ne vois pas pourquoi tu t'inquiètes autant... Au contraire, tu as voulu l'aider. Tu as bien fais. Tu as fais exactement ce qu'il fallait.
Elle s'activa un peu plus et banda tout le haut de mon corps de façon à ce que le sang cesse de couler.

Pendant ce temps, et malgré ce que venait de dire l'infirmière, Shirobudô avait la tête baissée, les larmes continuant de couler, et la culpabilité ne s'effaçait pas...
*J'aurais mieux fait de lui dire de s'en aller...Comme ça j'aurais affronté tout seul le corbeau et elle ne serait pas dans cet état-là...*
Son coeur battait violemment dans sa poitrine, à cause de l'angoisse, de l'essoufflement provoquée par sa course folle, et de la honte...

Plus tard, l'infirmière eut enfin fini de me procurer des soins. Elle revint vers Shirobudô et lui informa :
Infirmière : Normalement, elle va s'en sortir... Elle a de grandes capacités de régénérations. Il va lui falloir beaucoup de repos et je pense qu'elle se réveillera bientôt.
Elle lui sourit tristement et me regarda un moment pour ensuite se retourner vers Shirobudô.
Infirmière : Veux-tu que je te laisse seul avec elle ?

Shirobudô mit du temps, avant de répondre :
Shirobudô : Oui...
Ce "oui" plaintif, jamais l'adolescent ne pensait le prononcer dans cette situation. L'infirmière lui ouvrit la porte, et il s'asseya sur une chaise, à côté du lit où se reposait la malheureuse.

L'infirmière ferma la porte et alla s'asseoir à son bureau. Elle s'inquiétait drôlement à la fois pour moi mais aussi pour Shirobudô.
* Infirmière : Il n'arrête pas de culpabiliser, mais au fond, il a fait ce qu'il fallait.... *
Elle soupira et plongea dans des papiers qu'elle devait remplir.

Un quart d'heure se déroula. A la fin de ces quinze minutes d'hésitation, il prit la main de Chisame.
Shirobudô : Pardonne-moi...
Il fit un baisemain, avant de partir. Shirobudo remercia l'infirmière, lui dit au revoir et s'en alla, seul, dans son dortoir. Dehors la nuit était légèrement tombée et la pluie tombait...Comme si sa culpabilité et ses larmes s'étaient matérialisées à travers le temps.